Afr. j . polit. sci. (1999), Vol. 4 No. 2. 143-180 Les Rapports Etat-Societe Civile dans le Processus Politique en Afrique Centrale: Les Montages Civilisateurs et Decivilisateurs du Pouvoir et du Droit Mathias E. O. Nguini' Introduction: Dialectique De La Civilisation Et De La Decivilisation Des Moeurs Sociopolitiques Au Coeur De L'Afrique Le champ d'interpretation de la dialectique Etat-soci6te en Afrique Centrale s'organise autour d'un ensemble de visees et de perspectives relatives a l'interdependancede ces deux sites historiquespermettantd'observer la dynamique sociale et politique des pays s'inscrivant dans cctte sous-region continentale. II apparait en effet judicieux d'etudier "la sociologie des processus en cours" de cerner le "changement" comme "processus de mutations sociales et politiques" caracterisant les "deux poles "Etat" ct "societe" [Sindjoun, 1999: 1-7].' L'analyse sociogenetique et sociostrategique de "I'Etat" et de la "societe" envisage ces poles organisationnels et transactionnels a travers des "modelcs d'interpenetration" mcttant en valeur "l'intcrdependance en tant qu'allies mais aussi en tant qu 'ad versaires" de ces "configurations" formees par "1' interpenetration des actes d'un groupe d'individus interdependant" [Elias, 1981: 157]. L'examenqui sera procede vise aexaminercommenl -dans lc cadre gcographique dc 1'Afrique Centrale - le "champ etatiquc" jusque-la nettement place sous la "tutelle des bureaucraties postcoloniales", est confronte a des dynamiques de changement exprimees dans le processus d'affirniation d'une "societe civile" qui progressivement "prend forme et s'institutionnalisc". [Mbeinbe. 1992: 52|. 1027-0353 O 1999 African Association of Political Science 144 Mathias E O Nguini L'analyse socio-politique mise en forme et mise en liuvre pour rendre compte des rapports entre Etat et societe en Afrique Centrale s'appuiera sur un socle epistemologique relationnel soulignant "la relation dialectique entre l'Etat et la societe".[Fatton, 1995: 67]. L'etude de la "configuration" de 'TAfrique Centrale" comme "ensemble de tensions" structure par la dialectique sous-regionale d'interaction des Etats et des socictes se doit d'accorder une consideration soutenue aux luttes de definition de ce cadre geographique. [Elias, 1981: 157].2 Selonle cadre d'integrationregionale ou on se situe, que ce soit la Communaute Economique et Monetaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) heritiere de 1'Union Douaniere des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC), ou la Communaute Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), on constate que "chaque institution procede a une construction de l'Afrique Centrale". [Sindjoun, 1995: 96]. Ces precisions epistemologiques permettent d'affiner l'explication et la comprehension des rapports Etat-societe en Afrique Centrale. Dans le souci de relativiser les biais lies aux approches centrees sur l'Etat (statocentrisme), ou sur la societe (socio-centrisme), "l'Etat et la societe" sont conceptualises comme deux variables en intersection et potentiellement independantes a distinguer du processus politique comme variable dependante".[Chazan, 1988: 123]. La conceptualisation des rapports Etat et societe dans la sphere sous-regionale d'Afrique Centrale entend "prendre en consideration le degre approprie de contrainte associe a la dominance de l'Etat et attire I'attention sur les transactions politiques entre l'Etat et les organisations autonomes et citoyennes" afm de cerner les processus de formation de la "societe civile" [M. Bratton, 1989: 409]. Dans la dialectique Etat-societe, la "societe civile" qu'onpeut con ventionnellementdeTinir comme "lasphere pri vee constituee d'acti vites economiques, culturelles et politiques resistant aux incursions de l'Etat" [Fatton, 1992: 4-5] s'organise progressivement en Afrique Centrale face a la "puissance coercitive representee par l'Etat" dont la structuration predominante correspond a un "gouvernement predateur" [Fatton, 1995: 168] [Fatton, 1992]. La socio-analyse strategique et dialectrique des rapports Etat-societe en Afrique Centrale conduit a poser dans les pays relevant de cet espace geopolitique, "le problemedu gouvernement en general" sans se dispenser pour autantd'elucider les questions liees a la "diversite des regimes de violence" effectivement constatee dans cette sphere sous-regionale [Mbembe, 1990: 18-19].' L'analyse conduiteest en effet tenue d'operer un examen socio-politologique soutenu de la dynamique historique des configurations du "gouvernement" - entendu dans une perspective foucaldienne - comme "ensemble d'actions sur des actions possibles" qui "opere sur le champ de possibility ou vient s' inscrire le comportement des sujets agissants" afin de saisir dans les rapports entre les poles sociologiques de I 'Etat et de la society, revolution de la "maniere de diriger la conduite d'individus ou de groupes" Les Rapports Etat-Societe Civile dans le Processus Politique 145 [Foucaultl984:313-314].L'etudesocio-politiquedesconfigurationsdifferenciees des "regimes de violence" dans les Etats et les societls d'Afrique Centrale s'attachera a analyser "le probleme des rapports entre Pexercice du pouvoir et dc la coercition, la production de la violence et les dynamiques de l'accumulation" [Mbembe, 1990: 7]. II s'agit alors a partir d'un travail sociologiquement et historiquement document^ de savoir si les configurations du pouvoir dans les pays d'Afrique Centrale en font des "societe's gouvernees par l'Etat" ou des "Etats gouverne's par la society".[Hayward, 1996: 11]. Une telle demarche permet d'examiner revolution des regimes de violence - a travers differentes conjonctures politiques et sociales - et evite a 1 'analyse de faire preuve d'un fetichisme qui sacrifie a l'air du temps en affirmant de maniere sentencieuse et toute aussi peremptoire qu'"en Afrique centrale, les annees quatrevingt- dix auront ete celles de la guerre" [Bayart, 1997: 185]. Cette maniere d"'histoire naturelle" des "crises politiques" qui s'e'nonce en l'occurrence a partir du "phenomene-effet" que constitue la guerre comme figure et conjoncture de mobilisation engageant Etats et societes d'Afrique Centrale, peut oberer la comprehension des configurations politiques et sociales tendant a une concentration effective de moyens de pouvoir [Dobry, 1986-1992]. L'examen pertinent de l'exercice de la coercition etatique et sociale en Afrique se doit de prendre en consideration en en relati visant une interpretation finaliste le "processus de recherche hegemonique" s'appuyant dans les formations postcoloniales d'Afrique sur les scenarios extremes de "modernisation conservatrice" (Rwanda, Burundi), ou des "situations revolutionnaires" (Rwanda, Tchad), ou sur le schema substitutif des "regimes personnalises" (Centrafrique, Gumee Equatoriale, Gabon) et enfin sur "1'assimilation rdciproque des differents segments d'elite" (Cameroun) [Bayart, 1989: 157-223]. Toujours est-il que cette diversite des scenarios socio-historiques de (trans)formation et (re) fondation de l'Etat ne saurait occulter la disqualification decisive de la democratic representative et parlementaire au profit de l'autocratie administrative et autoritaire en Afrique Centrale. L'analyse consistante et cohdrente des configurations politiques des rapports Etat-societe en Afrique Centrale est tenue de traiterdesdynamiquesde reorganisation de "l'equilibre des tensions" - caracteristique des formations post-coloniales comme "unites de survie" - par l'emprise des spheres de coordination elaborees autourd'un "pouvoir central" a structuration autoritaire [Elias, 1976]. Ce pouvoir central est en effet soumis a une dynamique de "decompression autoritaire" qui remet en question son emprise monopolisteet l'expose aux logiques d'un "processus de democratisation" [Bayart, 1991] [Medard, 1990]. C'est qu'en effet, un regard sociologique souligne que "l'experience politique actuelle des Etats de P Afrique Centrale temoigne d'une evolution timide vers l'Etat de droit", meme si cet examen montre que les "modeles de transition democratique sont vane's" dans 146 Mathias E O Nguini cette constellation sous-regionale [Sindjoun, 1995:96]. En depitde la prevalence de la configuration socio-historique de la "Revolution passive post-coloniale", les Etats et les societes d'Afriquc Centrale sont confronted a la proliferation tactique et strategique des "pratiques de deconstruction des autoritarismes et des totalitarismes" qui renouvcllent 1'interet pour l'analyse des "conditions de formation et d'etiolement des mouvements sociaux" [Bayart, Mbembe, Toulabor, 1992: 13]. II semble qu'un examen approprie du balancement entre autoritarisme et parlementarisme dans les formations sociales et politiques ressortissant des postcolonies d'Afrique Centrale soit necessaire pour une comprehension pertinente de la dialectique Etat-societe dans cet ensemble geo-politique. C'est dans cette optique qu'il convient d'observer comment les configurations prevalentes de 1'autoritarisme evoluent dans un contexte d'ouverture et d'institutionnalisation d'un "regime democratique" reorganisant la competition pour le controle des monopoles etaliques par la legitimation des "combats eliminatoires periodiques pacifiques"-comme procedures concurrentielles-pcrmettant"d'acquerirledroit de disposer du monopole d'occuper les positions- clefs" dans "une competition soumise au monopole et reglee par l'administration monopoliste" [Elias, 1976: 43].4 Des logiques socio-politiques et juridico-politiques de "refonte du gouvernement des conduites" s'expriment dans ces maniiu vres institutionnelles et organisationnelles de reconfiguration ou de transfiguration des dynamiques autoritaires et militaires en dynamiques libertaires et parlementaires [Gautier, 1996: 21] [Owona Nguini, 1998: 100], L'analyse des rapports Etat-societe dans la constellation sous-rcgionaled'Afrique Centrale peut heuristiquement tirer parti d'un "bilan de I'autoritarisme" et d'une evaluation des "perspectives democratiques" pour proceder a un examen sociologique de la dialectique du champ etatique et des groupes sociaux dont la structure algorithmique s'elabore autour d'observations et d'enonciations sur les chances de transformation civilisatrice du contexte social d'un "Etat pretorien" au sein duquel la "lutte pour le pouvoir n'est pas mediatisee par des institutions" [Medard. 1990: 96] [Huntington, 1968]. C'est a cette condition que l'etude ici envisagee peut mettre a I'epreuve ses hypotheses decisi ves sur la civilisation ou la decivilisation des muurs socio-politiques a travers I'analyseur que constitue les relations Etat et societe en Afrique Centrale examinees dans le cadre diachronique du passage de la configuration "d'un Etat militaireet d'une societe pretorienne" (I) a celle "d'un Etat parlementaire et d'une societe citoyenne" (II). / . - La Croissance Paradigmatique Et La Decroissance Syste- Matique D'un Etat Militaire Et D'une Societe Pretorienne: la crise de prevalence du modele socio-politique monopoliste En depitde la diversitede configuration des ordres politiques del* Afrique Centrale definie stricto sensu (Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinee Equatoriale Les Rapports Etat-Societe Civile dans le Processus Politique 147 ct Tchad) ou lato sensu (Zaire, Congo, Angola, Burundi, Rwanda, Sao Tome et Principe en plus des pays citds plus haut), Ton ne pourrait que difficilement contester la prevalence de logiques autoritaires. En cela, les socic'te's politiques post-coloniales d'Afriquc Centrale se distinguent fort peu de cellc des autres sousregions de I'Afrique subsaharienne et s'inscrivcnt dans la logique pre valente scion laquelle "les conflits qui opposent les groupes et les indi vidus en vue dc 1'acccs aux ressources politiques [se] trouvent exacerbes, d'ou une propension marquee au recours a la violence pour regler les conflits" [Medard, 1991:93]. Malgre la varidte des formulcs politico-institutionnelles et socio-organisationnelles, les postcolonies d'Afrique Centrale s'inscrivent dans lecontextesociologico-historiquesubsaharien ou "l'Etat est faiblement institutionnalise et peu differenciee de la societe" et "le politique, I'economiquc, le social et particulierement le domestique s'interpen&trent" [Medard 1991: 29]. En depit de la structuration monopoliste et autoritaire de scs unites d'action, 1'institution ctatique en Afriquc Centrale peut lirer parti du rapport ambigu-existant d'ailleurs dans I 'ensemble des postcolonies subsahiennes - entre les dominants et les domines -, pour beneficier de "l'amour du censeur" confortant la prevalence politique de la burcaucratie qui le controle [P. Legendre, 1976]. Et 1'exemple de l'Etat gabonais dans la mise en uuvre de son "monopole de la violence" montre comment la confiscation du pouvoir d'Etat n'exclut pas des transferts inconscients exprimant le desir d'Etat chez les domines. [J.J. Nambo, 1993:173]. L'analyse ne saurait cependant meconnaitre sans dommage, les logiques dc pression coercitive exercees par les agents et les agences d'un "Etat predateur" dotd d'un "projet disciplinaire" qui sont confronted a la mise en uuvre d'une "capacite de defiance" de la "societe civile" qui "peut avoir une existence meme au milieu des structures les plus autoritaires" [R. Fatton, 1995: 71]. C'cst pourquoi Ton etudicra les problemesd'organisation de "societes ou l'Etat mene le jeu politique" avant d'examincr comment les "relations groupesgouvernements" peuvent y faire naitrc des chances de mobilisation contre eel ordre des choses [Hayward, 1996: 131. L'examen de ladynamique qui conduit a lacrise de prevalence du modelc sociopolitique monopoliste, requiertd'analysersuccessivement "les problemes pregnants d'organisation d'un gouvernement tutelaire de la societe par l'Etat" (A) et "les chances emergentes de mobilisation contre le gouvernement hegemonique de la societe par l'Etat" (B). A.- Les Problemes Pregnants D'organisation D'un Gouver-Nement Tutelaire De La Societe Par L'etat: les contraintes de reproduction d'un cycle bureaucratique du pouvoir La dynamique de monopolisation du pouvoir par les institutions etatiques a prevalu de fa?on decisive dans Penscmblc geopolitique pris en consideration dans 1'etude. 148 Mathias E O Nguini Des annees soixante aux annees quatre-vingt dix, "pendant une trentaine d'annee, les sociites d'Afrique Centrale ont essentiellement connu des r6gimes principalement marques par lesoucid'une unite nationaleaconstruire paretautour de l'Etat et du parti unique avec tout ce que cela pouvait signifier de monopole" [Maugenest, 1995: 8]. La prevalence politico-institutionnelle de I'autoritarisme dans lasous-rdgion s'estexprimeedans lechoix de formulesd'autorite privildgiant le pouvoir presidentiel comme expression du pouvoir d'Etat et favorisant le "gouvernement personnel" [Jackson, Rosberg, 1982].5 L'examen adequat et adaptede l'orientation et de l'organisation autoritairesdes configurations politiques en Afrique Centrale ne saurait perdre de vue les dynamiques sociales et "les pratiques populaires qui limitent et relativisent le champ etatique en assurant une certaine revanche de la societe civile sur celui-ci" [Bayart, 1983: 37]. L'analyse examinera d'abord le deploiement de l'autoritarisme qui permet la mise en liuvre d'une "alienation imperative et injonctive de la societe par l'Etat" (I) avant d'examiner son ajustement par la pratique d'un echange visant a obtenir "Padaptation cooperative et persuasive de la societe par l'Etat" (2). 1.- L'alienation imperative et injonctive de la societe par l'Etat: puissance autoritaire du souverain, domination reglementaire et techniques disciplinaires de gouvernement Au-dela de leur diversite, les structures de domination existant dans les Etats comme le Cameroun, le Gabon ou le Congo favorisent des regimes de pouvoir sublimant la "souverainete" configuree de facon monopoliste et neo-mercantiliste dans une logique de "police" bloquant le developpement de 'Tart de gouverner". [Seglard, 1992: 134] [Foucault, 1986: 31].6 C'est pourquoi les logiques politico-institutionnelles qui y mettent en forme la domination, privilegient une nette concentration des moyens de souverainete perceptible dans le fait que "les dix Etats d'Afrique Centrale se sont tous progressivement dotes de regimes presidentiels permettant jusqu'au debut de la decennie quatre vingt-dix, une concentration de la totalite des pouvoirs ..." [Decraene, 1993:13]. L'elaboration indigene des cours politiques au Cameroun ou au Tchad ou encore au Gabon ou au Burundi est marquee par les preponderance d'"uneapprocheadministrative,coercitivememederautorite"dontlaCentrafrique sous Bokassa est une expression emblematique [Bayart, 1983b: 25]. Dans un tel contexte, les structures autocratiques et bureaucratiques precedent a une "autoprogrammation" de leur activite et interviennent dans l'organisation du "cycle du pouvoir" sans recourir a la mediation institutionnelle du "souverain" formel, parce qu'elles s'appuient sur le controle monopolistique de la "formation de la volonte politique" [Habermas, 1997: 187]. L'ensemble des configurations politiques dans les societesd'Afrique Centrales est marque par "l'affinite structurelle entre le patrimonialisme et l'autoritarisme" qui fait que "le patrimonialisme Les Rapports Etat-Societe Civile dans le Processus Politique 149 s'exprime naturellement dans l'autocratie, tout en contribuant a subvertir la democratic" [Medard, 1991: 93]. Les tactiques et les strategies d' imposition d' une structuration autoritaire du jeu social et politique marquent en depit de la spe'cificite' des formules institutionnelles dans des formations postcoloniales aussi di verses que le Cameroun et la Centrafrique ou le Congo et le Tchad, Faction de procedures de gestion de la violence s'inscrivant dans une optique de consecration d'un "modele disciplinaire e'tatique" [Chretien, 1990: 26]. II n'en reste pas moins que I'exercice de la coercition sociale et e'tatique ne suit pas le meme cheminement au Cameroun ou en Angola, au Gabon ou au Rwanda. II s'agit en effet de montrer qu'au-dela du "noyau patrimonial commun", la configuration politique des "relations Etat-socie'te'" est caracte'rise'e par des differences de structuration de l'autoritarisme [Ergas, 1987: 2]. En effet, alors que I 'ensemble des "Etats patrimoniaux" est constitue' d'Etats qui "ont commun de reposer a la fois sur la violence et la distribution ... certains fonctionnent davantage a la violence" et "c'est ce qui permet de distinguer les autoritarismes durs et les autoritarismes mode"res" [Medard, 1991:99]. A ces deux types d'autoritarisme il convient d'ajouter celui du "sultanisme" dont les incarnations en Afrique Centrale ont e"te les regimes de Jean-Bedel Bokassa (Centrafrique) et Macias Nguema (Guinee Equatoriale). Les regimes sultaniques sont largement modeled par les "logiques du pouvoir personnel" fonde'es sur un patrimonialisme essentiellement arbitraire [D. Bigo, 1988: 5]. Les logiques autoritaires d'administration de la violence politique dans ces "systemes politiques [qui] sont faiblement institutionnaliseY' sont largement conditionnees par le style de I'autocrate en chef. [Medard, 1991:98]. Dans certains de ces sultanismes, tels que celui qui fut en vigueur sous Macias Nguema (de 1968 a 1979), on parvient parfois a un niveau de "repression paroxystique" renvoyant a des configurations politiques d'asyme"trie [Bayart, 1983: 25]. Certaines des formations etatiques d'Afrique Centrale relevent des "autoritarismes durs" qui sont caracterises par "un fort degre" de violence politique" et dans lesquelles "la gestion de la violence politique" est marquee par "sa logique implacable et rationnelle" [Medard, 1991: 99]. Et cette forme d'administration de la coercition politico-etatique se trouve exprimee dans de "veritables regimes policiers" dont le "Cameroun d'Ahidjo" est tenu pour etre un bon exemple [Medard, 1991]. Les logiques d'expression de cet autoritarisme dur se penjoivent aussi au Burundi sous la 21-™-' et la 7>lMK Republique a travers le processus par lequel "le pouvoir se concentre dans les mains d'un militaire" et eVolue vers "I'installation syst£matiquc derEtatdanslasociete"quiconduiraaunaffrontemententrel'EtatetrEglisesous le leadershipdu President Bagaza( 1976-1986), [Pabanel, 1991: 256-287]. A cote" de ces exemples, on peut e'galement signaler celui de l'Etat zairois control^ par le President Mobutu et "sa clique gouvernante" qui ont assure1 leur maintien au 150 Mathias E O Nguini pouvoiretleur influence a travers la mobilisation d'un"reseaude relations patronsclients" et rinstrumentalisation "d'une police secrete efficace et d'une armee brutale" [MC Gaffey, 1994: 171]. L'examen des types d'autoritarisme ayant prdvalu dans les societes d'Afrique Centrale montre que la limite entre les autoritarismes durs et moderes est impossible a tracer, que "c'est une question d'appreciation, un meme regime pouvant assez rapidement passer d'une categorie a l'autre en fonction des fluctuations de la "violence politique" [Medard, 1991: 100]. L'evolution du regime camerounais sous le leadership du President Ahidjo - et apres sous la conduite du President Biya - est marquee par ces fluctuations en depit d'une tendance a la moderation de l'autoritarisme dans cet Etat. Le regime gabonais apparait comme 1' une des expressions de "ces autoritarismes moderes" en Afrique Centrale qui"laissent une marged'autonomie plus importante a la socidte civile" [Medard, 1991: 100], L'evolution du systeme politique centrafricain apres le depart de M. Bokassa s'inscrit egalement dans une evolution vers l'autoritarisme modere. Comme les autoritarismes durs, les Etats domines par des autoritarismes moderes s'inscrivent dans une logique disciplinaire et tuteiaire qui montre la prevalence du "gouvernement neopatrimonial" dans 1'organisation socio-politique des societes d'Afrique Centrale [Bratton, e van de Walle, 1997: 61-63]. En depit de l'autoritarisme de "la pratique generate du pouvoir", les Etats postcoloniaux sont contraints de negocier leur legitimite aupres des differents groupes sociaux [Mbembe, 1992: 51]. C'est dans celte optique que s'instaure differentes formules de gestion des demandes sociales ouvcrtes aux calculs socio-politiqucs et socio-strategiques perceptible dans les demarches "d'echanges hegemoniques" relativisant la puissance autoritaire du souverain [Rothchild, Foley, 1988].7 2.-L 'adaptation persuasive et cooperative de la societe par I 'Etat: pactepatrimonial, formule patriarcale et compromis preliberal La pregnance des configurations autoritaires dans les entiles etatiques d'Afrique Centrale n'a pas empeche que les formations du pouvoir d'Etat s'efforcent de legitimer leur domination. Dans un contexte de prevalence de communautes politiques fondees sur le commandement autoritaire. les formations etatiques de 1'Afrique Centrale ont souvent tentees de s'appuyer sur des logiques neopatrimoniales de redistribution susceptibles de legitimer "l'economie des pratiquesdepouvoir"lieearautoritarisme[Faure, Medard, 1995:291].liL'exercice de la domination reque'rait en effet que les regimes postcoloniaux d'Afrique Centrale pussent en effet consolider les "fondements matericls et sociaux de l'autoritarisme" en vue de susciter des conditions favorables a l'entreprise de perennisation de leurs structures de pouvoir [Mbembe 1992: 46]. L'on ne saurait dontsous-estimerl'importance de la "politique de distribution"dans 1'organisation Les Rapports Etat-Societe Civile dans le Processus Politique 151 decesfonctionset operations legitimatrices des logiquesautoritairesetpatrimoniales prevalant dans les regimes postcoloniaux d'Afrique Centrale [M.A Cohen, 1974: 69-182], Les procedures de persuasion ct de cooperation sont mises en liu vre par certains regimes de parti unique d'Afrique Centrale afin de contenir le deVcloppement social et politique systematique du "reseau d'une anti-discipline" pouvant mettre en question le travail d'enracinement de ces Etats [De Certeau, 1980: 14]. La "trajectoire historique de l'Etat au Cameroun" montre comment ce regime postcolonial va s'efforcer de ldgitimer son emprise autoritaire et monopoliste en tirant parti des moyens materiels fournis par I'obtention d'une relative "prospe'rite' economique" pour mener une politique de distribution [Bayart, 1989:47]. Dans la meme logique, le systemc politique gabonais fondera ses calculs de pe'rennite' politique sur "l'accroissement continu, et tres rapide dans les ann£es soixante-dix gr.ee au petrole, des reccttcs nationales" permettant de tlnancer les demarches de legitimation mateYielled'un Etat autoritaire [Gaulme, 1991: 51]. C'est aussi dans cette optiquc que Ton interpretera les demarches dirigeantes qui ont cr6e un cadre d'echange politico-economique dans lequcl, "les Congolais se sont habitue's a tout attendrede l'Etat etde ses caisses par la rente pdtroliere" [Quantin, 1997:143]. La mise en place de ces logiques legitimatrices par la redistribution organised dans un contexte socio-politique autoritaire, montre comment s'est forme un "compromis postcolonial" dans ceux des regimes de parti unique d'Afrique Centrale comme le Cameroun, le Gabon et le Congo capables de consolider des "bases materielles et socialeseminementautochtones" [Mbembe, 1992: 47]. Cesexemplesmontrentla mise en place et la mise en uuvre d'une "formule politique" par ces regimes de parti unique desireuxde consolider la position stratdgiquequ'offrelecontrole autoritaire de l'Etat postcolonial pour legitimer leur domination sur 1'ensemble de I'ordre socio-politique [Zollberg, 1966]. Ces logiques politico-sociales par lesquelles "l'Etat postcolonial dtait parvenu a passer des "compromis avec des systemes autochtones de contrainte" pour reussir "cahin-caha, a doter d'une certaine legitimitc le mode de domination qu'il exerqait", n'etait valable que dans certains pays [Mbembe, 1992: 64]. En effet, le deploiement d'une strate'gie de legitimation de l'autoritarisme postcolonial misant sur I'organisation par le groupe dirigeant d'une "coalition distributive" n'a pas debouche sur des resultats significatifs dans des regimes comme celui de la Centrafrique sous Bokassa ou la Guinee Equatoriale sous Macias Nguema [Olson, 1982]. Dans ces conditions, I'elaboration d'un pacte patrimonial restait difficile en raison de l'extreme vulnerability de ces regimes personnels, du point de vue de la capacity de mobilisation puissante de "ressources d'allocation" afin d'enlretenir le cycle de liberalites permettant de legitimer ces unites autoritaires de domination [Giddens, 1985]. La mobilisation pertinente et performante de la redistribution comme formule de mediation sociale et politique s'est aussi reve'le'e extremement 152 Mathias E O Nguini difficile pour le regime burundais du colonel Micombero (en 1966-1976) parce que "le pouvoir politique s'est marginalise" dans "une societe desintggrde" [Darbon, 1982: 107]. Les preoccupations de souverainetd demeurent determi nantes dans 1' organisation de ce jeu redistributif qui releve de "la politique des prebendes et du patronage" [qui] "s'oppose bien evidemment a celle d'un developpement institutionnalise' de 1' Etat" meme si dans certains regimes post-coloniaux d' Afrique Centrale (Cameroun ou Gabon), "un patrimonialisme de pere de famille a pu favoriser une croissance economique remarquable ou plutot tirer parti d'une conjoncture economique exceptionnelle tirde par la demande internationale" [Medard, 1990:33]. L'e'change politique distributif s'inscrit dans une "Economic de pouvoir" patrimoniale et correspond ainsi a la mise en liuvre d'une formule patriarcale plus ou moins efficace [Foucault, 1994: 646].'' La "rationality politique" et la "rationality economique" liees aux "situations neopatrimoniales" en Afrique centrale montrent l'interfe'rence de dynamiques attentives "a l'extension de la logique de la domination patriarcale au-dela des frontieres de la parentd" avec des pratiques relevant de "I'Etat en tant que systeme abstrait, objectif, universaliste de pouvoir" [Medard, 1990: 29 et, 30]. C'est cette configuration sociopolitique fondamentale qui sera confronted a des dynamiques liberates et democratiques mettant en question les logiques predominantes ou "l'Etat mene le jeu politique" [Hayward, 1996: 13). B.- Les Chances Emergentes De Mobilisation Contre Le Gouvernement Hegemonique De La Societe Par L'etat: les ressources de formation d'un systeme liberal de droit Les formules patriarcales de redistribution sociopolitique experimentees par certains regimes postcoloniaux d'Afrique centrale comme technologies de cooperation et de representation ne sauraient remettre en cause les "logiques predominantes d'emasculation politique" [Bayart, 1983: 25] Les procedures de repression de la discussion politique et sociale ont dans le Zaire de Mobutu - comme dans les autres regimes postcoloniaux de 1'Afrique centrale, quoiqu'a des degre's, divers - favorise des logiques de "departicipation et de depolitisation" [Callaghy, 1981: 171].l0Le developpement des "possibilites d'avancee de la societe civile" qui va s'ope'rer sera lui-meme modele par la relativite du "poids de l'institutionnalisation ctatique du pouvoir" [Bayart, Mbembe, Toulabor, 1992:71 ]. Le processus de recomposition des rapports Etat - societe s'opere de fa9on complexe. L'analyse etudiera la recomposition des configurations autoritaires en examinant la gestion du pluralisme social de fait a travers "la renegociation distributive et redistributive de la puissance dc l'Etat" (1) pour ensuite etudier comment la dynamique historique cvolue vers "la destabilisation coercitive et dissuasive de la puissance de l'Etat par la societe" (2) Les Rapports Etat-Sociele Civile dans le Processus Politique 153 I.- La renegotiation distributive et redistributive de la puissance de I'Etat par la societe: politique de patronage et ethique du marchandage Les spheres dirigeantes de certains Etats d' Afrique centrale - comme le Cameroun ou le Gabon - se sont efforcussy, J. "Economie Et Politiques Du Developpement", Coulon, C , Martin,DC. (Dir.), Les Afriques Politiques, Paris: La Decouvcrte, 1991, pp. 123-139. fewen, M.P. 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